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Le village
Georges Duhamel
(1884-1966). Médecin, écrivain et poète français.
"Georges Duhamel pendant la Guerre. Un juste au purgatoire (1939-1945)" par Marcel Mercier.
Rendu célèbre par l’écriture de Civilisation (prix Goncourt 1918) puis de la Chronique des Pasquier, il fut élu en 1935 membre de l’Académie française dont il fut secrétaire perpétuel de 1944 à 19463. Il devint ensuite un président très actif pour le renouveau de l’Alliance française après-guerre. Georges Duhamel est aussi le père du compositeur Antoine Duhamel et le grand-père de l'écrivain journaliste Jérôme Duhamel.
1941, depuis un an déjà, la France souffre sous la botte nazie. Non content de l’opprimer, non content de retenir ses hommes prisonniers, l’occupant prétend étouffer sa voix. Depuis longtemps chez lui, il a contraint à l’exil ses plus grands savants, ses meilleurs écrivains. Car l’esprit, est son pire ennemi. En France, il surveille, il contrôle, il épie, il fouille. Les intellectuels sont à priori suspects pour leur tendance à l’indépendance, parce qu’ils observent, qu’ils réfléchissent, qu’ils parlent et qu’ils publient. Les écrivains sont, à cet égard, plus suspects encore et, parmi eux, Georges Duhamel, à qui les Allemands interdisent toute publication.
Car Georges Duhamel a quelques titres à apparaître suspect à l’occupant : sa grande pitié pour les combattants de la guerre 1914-1918 qu’il a soignés comme médecin, opérés comme chirurgien ; son horreur de la guerre exprimée dans des œuvres qui ont eu un grand retentissement : "La vie des martyrs", "Civilisation" (Prix Goncourt), "Les sept dernières plaies". L’humanisme et le pacifisme de Georges Duhamel sont en exacte opposition avec la morale des Nazis, qui prônent et glorifient les vertus militaires, lesquelles mènent les guerriers au Walhalla.
En 1938, dans le lâche soulagement général de la France après l’accord de Munich, il est un des rares français qui aient vu l’erreur et dénoncé la faute.
Il a publié dans le "Mémorial de la guerre blanche", des chroniques hostiles aux Nazis et fustigé les crimes d’Hitler dans les "Positions françaises".
Dès 1940, les autorités d’occupation ont fait saisir et brûler "Civilisation" et "Lieu d’asile".
En 1941, il fait néanmoins éditer "Les confessions sans pénitence" ainsi que "Suzanne et les jeunes hommes" avant l’interdit qui le frappe.
En dépit de cette interdiction, G. Duhamel maintient son opposition à toute collaboration avec l’Allemagne et soutient des écrivains résistants, tels que Jean Prévost, l’un des organisateurs du maquis de Vercors, fusillé en 1944.
L’humanisme de G. Duhamel et sa grande pitié pour les humbles sont de nos jours péjorativement qualifiés de bons sentiments qui rendraient ennuyeuse la lecture de son œuvre. Un livre récent ambitieusement intitulé "La France du XXe siècle" ignore son nom. On lui reproche même la bonne facture de son style, jugé trop traditionnel.
Mais on reviendra aux œuvres de Georges Duhamel, car elles constituent un témoignage vibrant sur les pires événements du XXe siècle, lesquels ne sont pas prêts de disparaître de la mémoire des hommes.
Il est grand temps de rendre justice à cet écrivain et de restituer à ce juste sa place dans les lettes françaises.
La maison de Georges Duhamel à Valmondois, aujourd'hui habitée par l'un de ses fils,
Antoine Duhamel, fameux compositeur de musiques de films.
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