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Le village
Survol historique de Valmondois
A moins d’avoir la gloire de s’appeler Domrémy-la-Pucelle ou le malheur d’être Oradour-sur-Glane, un village a peu de chances de traverser les siècles en y laissant une trace durable. Il est, certes, tentant en abordant un survol historique de Valmondois, d’espérer découvrir son origine et de suivre pas à pas son évolution, ses gloires, ses malheurs, ses grands hommes et tout ce qui constitue sa vie. Mais n’est pas Lutèce qui veut !
Le nom de Valmondois donne-t-il au moins une indication sur sa provenance ? On voudrait y reconnaître des racines latines : val ne ressemble-t-il pas au latin vallis, c’est-à-dire vallée ? et mondois n’est-il pas proche du latin monda, c’est-à-dire jolie ? Georges Duhamel lui-même a donné l’exemple en écrivant : « Le village de Valmondois tient son nom du paysage : on peut y admirer le val et les monts de l’Oise ». Cette étymologie poétique en vaut bien une autre.
Certaines petites communes d’aujourd’hui possèdent une église qui étonne par ses dimensions ou par la richesse de ses vitraux. C’est que, autrefois importantes, elles furent la résidence d’un noble de haute volée. L’église y est restée comme le témoin d’une grandeur passée. Tel n’est pas le cas de Valmondois, ce qui semble indiquer que ce village fut, de tout temps, modeste.
Les techniques modernes de la photographie et de l’aviation ont permis de réaliser des vues aériennes. L’examen de ces vues révèle que des groupements humains gaulois auraient vécu dans les proches environs de Valmondois. Les fouilles archéologiques effectuées à la Naze (alors La Nasse) à la fin du XIXè siècle ont mis au jour des monnaies, des poteries et des sarcophages datant de l’époque gallo-romaine ou mérovingienne.
On sait aussi qu’au Moyen-Age, Valmondois dépendait du diocèse de Rouen, qu’un péage existait à Stors, qu’il y avait déjà sept moulins à Valmondois sous le règne de Louis XV.
Mais c’est avec la Révolution et ses Cahiers de doléances que nous parviennent des faits dans lesquels palpite la vie du village. La commune présente ses plaintes, ses remontrances. Il n’est pas sans intérêt de noter la nature des réclamations de cette population rurale, car elles sont un témoin de sa vie quotidienne.
Les paysans se plaignent de la surabondance du gibier – agrément des loisirs aristocratiques - qui dévore les semences et les récoltes. On demande que les impôts soient utilisés à la remise en état des chemins vicinaux. Il est beaucoup question des vignes, parce qu’à cette époque on fait du vin de messe. Les doléances sont exprimées en des termes modérés, mais on y sent une certaine exaspération envers les privilégiés, qui profitent des impôts et disposent d’un droit de chasse favorisant le pullulement du gibier. Elles sont dans le ton général des cahiers : on n’y exprime aucun ressentiment contre le Roi. On souhaite des réformes, pas encore une révolution.
Les registres où sont consignées les ventes de Biens nationaux révèlent le nom des acquéreurs, parmi lesquels apparaissent des patronymes encore connus à Valmondois, tels que Bernay, Poulet, Caffin, etc.
Le XIXè siècle
L’histoire a ses vicissitudes et en 1815 les Bourbons reviennent à la tête de la France. Des actes d’allégeance aux nouveaux maîtres se manifestent. Les divers documents qui nous ont été légués (archives de notaires, procès-verbaux de police, registres municipaux) font état d’incidents divers entre cléricaux et anticléricaux. Ils font sourire aujourd’hui : refus de rendre le pain bénit, interdiction du travail manuel pendant les offices religieux, obligation faite à certains d’assister au service funèbre célébré à la mémoire de Louis XVI etc.
Nouveau revirement en 1848 : on fait maintenant allégeance à la République avant de prêter serment au Président Louis-Napoléon Bonaparte puis à l’Empereur Napoléon III en 1852. Mais ce n’est pas particulier à Valmondois.
C’est alors qu’apparaît dans la vie du village un personnage étranger à la commune, bien connu dans les milieux lyriques de Paris et de Milan : Louis Gilbert Duprez, chanteur d’opéra. Il possède une maison à Valmondois, dont il devient maire en 1853.
Pendant la guerre de 1870, un Valmondoisien qui avait encore des descendants il y a peu de temps, Parage, participe à la défense du passage de l’Oise à l’Isle-Adam.
Valmondois connaît à la fin du XIXè siècle quelques événements qui marquent dans l’histoire de l’art : le peintre Charles-François Daubigny, mis autrefois en nourrice à Valmondois, y achète une maison qu’il cède à Adolphe-Victor Geoffroy-Dechaume, lequel y entraîne Honoré Daumier en 1865. Daumier y meurt en 1879. Il est provisoirement inhumé dans le cimetière communal. Dès 1880, a lieu la translation de ses cendres au Père-Lachaise, où il repose désormais, conformément à ses vœux, auprès de ses amis Corot et Daubigny.
Le XXè siècle
La Grande guerre, qui causa tant de morts en France, n’épargne pas le village. Cinquante hommes sont tués au combat et plusieurs autres décèdent ultérieurement des suites de leurs blessures ou des gaz. Particularité de Valmondois, il s’y trouve deux monuments aux morts : l’un à proximité immédiate de l’église, l’autre devant l’ancienne entrée du cimetière. Il semblerait que le premier ait été érigé dans le cadre national tandis que le deuxième, résultat d’une collecte locale, est l’œuvre de Charles Geoffroy-Dechaume.
Après la Grande guerre, Valmondois voit arriver l’écrivain Georges Duhamel qui vient d’obtenir le prix Goncourt et dont la réputation grandit. Il commence alors à écrire la série des Salavin.
A peu près à la même époque s’installe à Valmondois un professeur agrégé d’histoire, Georges Huisman, chef de cabinet du ministre du Commerce. Il devient bientôt directeur de cabinet du Président du Sénat Paul Doumer, puis Secrétaire général de la Présidence quand celui-ci est élu Président de la République. Il est élu maire de Valmondois en 1932 et redevient directeur de cabinet du Président du Sénat après l’assassinat de Paul Doumer. En 1934, il est nommé Directeur Général des Beaux-Arts. Sa carrière est prématurément interrompue par la Seconde guerre mondiale.
Depuis, la vie a repris son cours sans histoire. Mais les villages heureux n’ont pas d’histoire.
Marcel Mercier