Critique d'exposition "Petits formats" par Marcel Mercier

Exposition à la Villa Daumier 17 mars-14 avril 2002

L’Association « Villa Daumier » a présenté une exposition d’œuvres diverses intitulée « Petits Formats », qui n’ont de commun, en effet, que leurs dimensions réduites.

Nains, gnomes, lutins ou korrigans, créatures étranges nées de l’accouplement de langues de bœuf avec des tiges de lierre, lilliputiens maléfiques à l’affût d’un mauvais coup contre les humains vous accueillent dès le rez-de-chaussée. Ils semblent sortis de leurs sous-bois où ils rentreront demain matin.

Du même auteur, voici un chien mâle, sorte de basset en quête d’une partenaire, dont les bonnes dispositions déjà visibles font de son titre Le chien amoureux un pléonasme, une redondance.

Au premier étage, embusqués à la sortie de l’escalier : deux cavaliers de l’Apocalypse chevauchant des monstres quadrupèdes à corps de rhinocéros, à tête de grands fourmiliers, dotés d’un phallus d’éléphant : Michel Charpentier vient d’entrer en scène.

Contrastant avec ce style, une série de petits portraits de conception plutôt classique jettent une note apaisée sur le visiteur : les personnages sont représentés assis, sereins, détendus. Mais Michel Charpentier a tendu là une nouvelle embuscade : des statuettes aux formes bizarres où l’on croit reconnaître un chien assis, une patte dressée verticalement. Visiblement il fait avec sa langue une toilette intime Plus loin, est-ce un couple inspiré de celui qu’on trouve sur le tympan de l’église de l’Isle-Adam ? L’auteur laisse planer le doute.

La salle voisine est constellée d’étoiles de mer et peuplée de girafes aux cous démesurés qui semblent hurler à la lune. Mais des figures humaines surgies d’un fond de feuilles de journaux nous ramènent dans un univers familier : celui de l’homme.

Et puis voici des statuettes métalliques torsadées, surmontées de beaux visages où l’on se plaît à imaginer des Tanagra. Une grande élégance s’en dégage. Les attitudes sont nobles, fières. Leur installation, leur disposition dans la salle dénote une habileté, un art certain dans la gestion de l’espace, qui est ainsi subtilement utilisé pour mettre en valeur les œuvres exposées.

Et puis, seule de son espèce, une miniature d’oiseau en métal qui se met en mouvement dès qu’on l’approche : un échassier qui commence à courir en battant des ailes.
  
En conclusion, une exposition très éclectique, aux multiples facettes, s’adressant à tous les publics. A chaque salle l’attention est maintenue en éveil.
Bravo Valmondois et, au pays de Rabelais, tant pis pour les pisse-froid !