La citation de la semaine
« Il faut, écrit Montaigne, ôter le masque aussi bien des choses que des personnes. » Montaigne se peint pour se démasquer. Et comme le masque appartient bien plus au pays et à l’époque que l’homme même, c’est par le masque surtout que les gens diffèrent, de sorte que, dans l’être vraiment démasqué, nous pourrons reconnaître aisément notre semblable. »
André Gide, Montaigne, Ed. Correa, 1939
A rebours de la citation de Descartes de la semaine dernière, Montaigne, que cite Gide, nous invite à avancer démasqué. Ecrire, c’est se peindre soi-même afin de se démasquer c’est-à-dire ôter les apparences sociales que nous revêtons pour les besoins de nos fonctions et de nos occupations. Si certains, comme Pascal, dénonceront l’illusion qu’il y a à vouloir s’affranchir de tout masque, Montaigne recherche à travers la peinture sincère de lui-même à atteindre l’universalité de l’homme. Car « chaque homme porte la forme entière de l’humaine condition. » N’est-ce point là le ressort de ce qui nous pousse à lire ? Découvrir au travers des histoires les plus singulières qu’elles nous concernent tous universellement. D’où l’attrait toujours recommencé, de siècle en siècle, de l’Odyssée d’Homère ou du Roi Lear de Shakespeare.
